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bertrand durovray

Le bon goût est le pire ennemi de la création

Updated: Mar 25, 2023

Vulgaire, mon roman ? Parce que le livre comporte 19 fois le pot “putain”, six fois le mot “merde”, cinq fois le mot “connerie”, quatre fois le mot “bordel”, trois fois le mot “chier”, trois fois le mot “cul” et même une fois le mot “bite” en 124 pages ? 41 gros mots sur un total de 27606, ça ne fait jamais que 0,14 % du contenu total. Avouez que c’est un peu… peu.



Avertissement : des scènes ou des propos peuvent heurter la sensibilité des lecteurs (chapitre 11)

Mais le livre est politiquement incorrect, je le conçois. Il se moque ouvertement de (j'espère ne pas en oublier) la religion, des homosexuels, des enfants, des campagnards, des policiers, des pompiers, des politiciens, des journalistes, des correspondants locaux de presse, des curés, des cuisinistes, des personnes âgées, des écrivains-biographes, des agriculteurs, de la SPA, du rugby amateur, des cyclistes amateurs, des footballeurs amateurs, des apprentis en CAP boucherie, des coiffeuses à domicile, des boxeurs, des bigotes, des coachs, des enseignants, des maisons de retraite, de Michael Jackson, du Turkménistan, des guides de randonnée, des monteurs de pneus, des toiletteurs canins, des glaciers sorbetiers, des enquêteurs, des lecteurs, des employés de la SNCF, d'Emmanuel Macron, de l’accent du sud-ouest, des technocrates, de la novlangue, des garagistes, des petites communes, des cultivateurs conventionnels, des défilés des conscrits, du carnaval des morts au Mexique, mais surtout, surtout, du personnage principal du roman. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il s’agit d’un livre parodique.


Néanmoins, je comprends les réactions outrées de certains. Aussi, à l’heure de Roald Dahl et de la réécriture de James Bond, j’ai décidé d’auto-réécrire mon propre livre (auto-réécrire parce que personne ne me l’a demandé !). Voici donc la page 92 de Tuez-les tous ! (rebaptisé Aimez-les tous ! pour l’occasion), garantie sans vulgarité ni propos pouvant heurter la sensibilité des enfants, des minorités sexuelles ou raciales, des handicapés, les pauvres (mais aussi, tant qu'à faire, des riches, des non-handicapés, des majorités sexuelles ou raciales...) :


Zoé, m’exlammé-je, incrédule. Apprendre qu’elle était partie, voilà qui se révéla profondément perturbant. Je n’aurais en toute honnêteté pu en dire autant de Jocelyne et William, que je ne connaissais point, bien qu’il s’agît-là d’un sentiment peu charitable, je le confesse. Cela m’attristait donc doublement, leur départ et mon manque d’empathie, aussi décidé-je de travailler dessus et d’aller allumer un cierge en leur mémoire. Pour le petit Ludovic, ce n’était pas la même chose puisqu’il s’agissait d’un enfant et nous ne pouvons feindre l’indifférence quand la chair de notre chair est martyrisée. Pour Zoé, cela s’avéra encore différent. Zoé était la sœur d’un prénommé Guillaume, ami d’enfance de mon humble personne de surcroît. Alors, quand le prêtre m’annonça le départ de Zoé Diserens, il me fallut un temps pour la resituer dans son contexte, car Dizerens était son nom de femme mariée qu’elle garda après s’être séparée à l’amiable de son mari. J’appris cette anecdote honteusement racoleuse par des personnes de mœurs interlopes mais nous ne pouvons empêcher les médisants de médire. Personnellement, je ne mêle guère de la vie de mes contemporains, sauf pour les aider bénévolement auprès d’associations caritatives, évidemment ! Voilà la raison pour laquelle je n’appris en temps et en heure les déboires émotionnels et de santé de Zoé. Faute de quoi, je l’aurais aidée, lui évitant par là le tourbillon funeste qui l’attendait…

Pour découvrir la version non expurgée, c'est ici :

Putain, Zoé, me dis-je… Zoé, ça m’a fait un coup quand même… Autant Jocelyne et William j’en avais rien à foutre, je les connaissais pas (on peut pas connaître tout le monde, même dans une commune de mille habitants, pas vrai René ?) ; donc, qu’ils meurent ou vivent, ça m’était à peu près égal. J’dirais même que j’préférais qu’ils meurent, eu égard à mon travail journalistique (mais si j’dis ça, on va encore me taxer de cynisme). Disons simplement que ça m’était égal. Pour le petit Ludovic, c’est différent, parce que c’est un enfant… en même temps, faut arrêter avec le politiquement correct, hein : j’ai pas d’enfant, j’en veux pas, je supporte pas ceux des autres, donc… disons simplement que ça m’était également… égal. Mais Zoé, merde ! Zoé, putain… Zoé était la sœur de Guillaume, un ami d’enfance… Après, ça faisait des lustres quand même. D’ailleurs, quand le prêtre m’a dit son nom, j’ai pas immédiatement fait le rapprochement avec elle, parce que Diserens, c’est son nom de femme mariée, qu’elle a gardé lorsqu’elle a divorcé. Cela, je l’ai su par ouï-dire parce qu’on n’était plus vraiment proches, Zoé, Guillaume et moi à ce moment-là. Ce qui explique que j’ai pas su pour sa dépression consécutive au divorce et sa sclérose consécutive à sa dépression...

Le livre (dans sa version originale, c'est-à-dire politiquement incorrecte) est toujours en vente sur le site l'éditeur Maïa.

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