Merci aux mairies de ... pour leur soutien et les efforts financiers qu’elles ont consentis. À présent nous allons passer aux comptes-rendus financiers... Oh ! Non, putain, j’en peux plus, René, viens à mon secours ! René ! Re-né !!!
 
Là, j’ai comme un blanc. En l’espace d’une seconde tout est devenu d’une lumineuse clarté. C’est comme si j’avais une révélation. Merci Mon Dieu de M’Avoir Apporté la Lucidité ! René n’est pas René, mais Re-né ! C’est évident. Si ses parents l’ont appelé comme ça, ce n’est pas parce qu’ils trouvaient ce prénom joli (qui le pourrait ?) mais parce qu’il est le deuxième enfant d’une fratrie dont l’aîné est mort. De fait, René devait venir combler la perte, être le premier enfant ressuscité, né à nouveau, en d’autres termes re-né ! Mais ce dernier, le René numéro 2, celui que nous connaissons, il était pas d’accord, il voulait pas être son grand frère décédé, lui, il voulait avoir sa propre personnalité. Ça a commencé quand sa mère lui a fait porter les habits de l’Autre ; ça a continué à l’école quand ses professeurs n’ont cessé de le comparer (pour mieux le rabaisser) à son aîné dont les résultats avaient toujours été bien meilleurs. Puis à l’adolescence, cela s’est poursuivi avec ses petites copines qui avaient toutes été celles de l’Autre, avant. Du coup, il en a développé une haine, à l’intérieur de lui, René, qui n’a cessé de s’alimenter de toutes ces couleuvres qu’on le forçait à avaler ! Quand il a rencontré sa femme, il y a vingt ans, il s’est calmé un peu, pour un temps. Celle-là, c’était la sienne, et le frangin décédé il risquait pas de la lui piquer. Sauf que Maurice a débarqué avec ses gros sabots. Voilà t’y pas qu’il veut lui voler sa femme, le saligaud ! Il voit déjà sa vie défiler devant ses yeux, René, c’est le même schéma qui recommence, indéfiniment. Non, non, il ne se laissera pas faire, René, il le tuera Maurice, ou il tuera sa femme, ou bien il se tuera, mais il ne sera pas dit qu’on le remplacera comme on l’a forcé toute sa vie à remplacer un autre qui n’est plus là…