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Au commencement était le verbe (et juste après la couverture)

Updated: Nov 19, 2022

Si, au commencement était le verbe – d’autant plus pour un écrivain –, pour un auteur aspirant à être publié, force est de constater qu’au début, ou presque, est la conception de la couverture de son livre.


Extrait : – Il est où ton article sur le conseil municipal de Prangins ? – Hein ? Quoi ?! Le... Pran... merde, j'ai complètement oublié. C'était hier soir ? Oh ! Je pensais que c'était ce soir... – Non non, qu'il reprend hors de lui bien qu'il tente encore de se contrôler, le chef d'agence, c'était hier soir et c'est écrit dans l'agenda. D'ailleurs, j'ai inscrit ton nom pour le couvrir, tu te souviens?

Béance


De manière très théorique je dois bien en convenir, j'avais une vague idée de ce que je voulais comme illustration de mon livre, une idée vague que je pourrais définir comme suit:.



À partir de l'idée de béance, vue notamment sur l'affiche du spectacle de Laura Laune, j'avais en effet pensé à quelque chose dans l'esprit de la pochette de Out of the Cool de Gil Evans avec, à l'intérieur, un cadavre non genré (pourquoi pas sans tête, pour rendre hommage à l'écrivain inconnu, comme Nigel Kennedy le violoniste inconnu pour illustrer son concerto pour violon de Beethoven) ; un personnage indéterminé, donc, qui lirait un livre sur lequel figurerait la couverture de Tuez-les tous ! (la couverture du livre représentant une béance avec, à l'intérieur, un cadavre qui lirait un livre... le tout reproduit cinq fois). Les plus perspicaces auront reconnu la mise en abîme dont a usé Pink Floyd pour Ummagumma, les autres auront sans doute déjà décroché depuis un moment.


Outre que je ne savais pas vraiment comment l'éditeur allait appréhender une telle idée, on m'a bien vite fait comprendre que je devrais revoir mes ambitions à la baisse, côté graphisme. Qu'à cela ne tienne, j'ai cherché – et trouvé – d'autres idées intéressantes que je pourrais globalement classer en trois catégories : celle illustrant la "nature inquiétante", celle du "village inquiétant" (c'est un polar "inquiétant", vous l'aurez deviné !) et, enfin, une troisième catégorie plus difficilement qualifiable mais qui représenterait un couteau sanguinolent coupant en deux la couverture du livre sur un fond, lui-aussi coupé en deux couleurs, rouge et blanche.


On le constate, cette dernière idée, plus atypique, prenait le contre-pied de ce à quoi on peut s'attendre de la part d'un polar (comme mon livre dynamite aussi les codes du genre, j'avais trouvé cela opportun). Or, le résultat de la maquette que l'éditeur m'a soumise me faisait davantage penser à un livre de cuisine qu'à un roman policier ! Je l'ai donc abandonnée. Entre les deux autres options, celle de la nature inquiétante avait tout d'abord ma préférence (pour la vitre brisée, bien suggestive et qui dynamisait l'ensemble) mais, en recevant ces deux dernières maquettes, il s'est avéré que celle du village, avec son brouillard qui recouvre tout (jusqu'à la quatrième de couverture) représentait mieux l'ouvrage, d'un point de vue esthétique mais aussi dans le fond. C'est donc cette couverture, illustrée par KoolShooters et maquettée par Thomas Sauvage (qu'ils en soient remerciés) que vous aurez l'occasion de voir très prochainement dans toutes les bonnes librairies. Et ici dès à présent.



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